Depuis 2023, l’iftar – le repas du soir qui marque la fin du jeûne quotidien pendant le ramadan – est officiellement reconnu par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel. Cette inscription célèbre bien plus qu’un simple moment de restauration : elle souligne toute la richesse sociale, familiale et spirituelle que porte ce rituel nocturne.

L’iftar : un moment sacré, mais aussi universel
Rompre le jeûne, ce n’est pas juste boire un verre d’eau ou croquer une datte. C’est renouer avec son corps, remercier pour cette journée d’effort, et partager un moment précieux en famille, entre amis ou à la mosquée. Ce repas, pris après le coucher du soleil, est indissociable de la prière du maghreb, qui le précède ou l’accompagne.
Dans de nombreuses cultures, il prend la forme de rassemblements chaleureux, de repas partagés où chacun participe, parfois même dans la rue ou sur de longues tablées collectives. C’est cette dimension humaine, intergénérationnelle et communautaire que l’UNESCO a voulu valoriser.
A quelle heure a lieu l’iftar ?
Les horaires de l’iftar varient chaque jour. Pourquoi ? Parce que tout dépend du moment précis du coucher du soleil, qui recule progressivement à mesure que les jours s’allongent. Ainsi, d’un soir à l’autre, l’heure de la rupture du jeûne change, parfois d’une à deux minutes.
Et ce n’est pas tout : les horaires diffèrent aussi selon les villes. Paris, Marseille, Toulouse, Lyon… chacun suit son propre calendrier établi par les mosquées ou des sites de référence. En 2025, l’iftar débutera autour de 18h34 en début de ramadan, pour atteindre 20h20 vers la fin du mois (heure de Paris).
Que mange-t-on pour rompre le jeûne ?
Le premier réflexe au moment de l’iftar : boire ! Après une longue journée sans eau, la réhydratation est essentielle. On commence souvent par de l’eau fraîche ou une soupe légère, comme la célèbre chorba au Maghreb ou la harira au Maroc.
Ensuite viennent les aliments énergétiques :
- des dattes, bien sûr, comme le faisait le Prophète selon la tradition
- des fruits frais ou secs (figues, abricots, bananes…)
- des fruits à coque (amandes, noix, noisettes)
- une compote ou un yaourt nature
- une boisson chaude non sucrée, comme du thé à la menthe
Puis, selon les familles et les cultures, on enchaîne parfois avec un repas plus copieux : tajines, bricks, samoussas, pains faits maison, salades… L’iftar peut être simple ou très festif. Mais l’idéal reste de garder un repas équilibré pour éviter la lourdeur ou la fatigue post-repas.
Les recettes traditionnelles de l’iftar
Chaque région du monde musulman a ses plats phares pour le ftour. En voici quelques exemples savoureux :
- Harira (Maroc) : soupe aux tomates, pois chiches, lentilles et vermicelles
- Chorba (Algérie/Tunisie) : bouillon parfumé à la cannelle, coriandre et citron
- Samboussek (Liban) : petits chaussons farcis au fromage ou à la viande
- Batbout : pain moelleux à la semoule
- Makroud ou chebakia : douceurs à base de miel, idéales avec le thé
Chaque plat raconte une histoire, une mémoire familiale. L’iftar est aussi un moyen de transmission culinaire, de redécouverte de recettes anciennes.
Imsâk, suhûr… les autres temps forts du ramadan
Le ramadan est rythmé par plusieurs moments clés dans la journée :
- Imsâk : c’est la limite avant laquelle on doit cesser de manger le matin. Littéralement, cela signifie « retenue ». Il précède la première prière (Fajr).
- Suhûr : le dernier repas pris avant l’aube. Il est conseillé de le faire juste avant l’imsak pour tenir la journée. Il doit être consistant mais digeste.
- Fajr : la première prière de la journée, qui marque le début du jeûne.
Un patrimoine vivant transmis de génération en génération
L’UNESCO insiste sur un point fort : l’iftar n’est pas seulement un rituel religieux, c’est aussi un moment profondément culturel. Il se transmet à travers les gestes, les recettes, les conversations autour de la table. Dans beaucoup de familles, les enfants sont mis à contribution : ils dressent la table, coupent les fruits, apprennent à plier les bricks ou à rouler la pâte des chebakias.
Ces gestes répétés chaque année deviennent des souvenirs, puis des traditions. Et même dans les grandes villes modernes, l’iftar continue de tisser ce lien invisible entre les générations, les régions, les cultures.
Envie de préparer un iftar ? quelques conseils pratiques
Tu n’es pas obligé·e d’être croyant·e pour t’intéresser à ce moment chaleureux. Si tu veux cuisiner ou participer à un iftar avec respect, voici quelques idées :
- anticipe la préparation : certains plats peuvent se cuisiner la veille
- garde toujours des dattes et de l’eau à portée de main
- privilégie les repas légers mais nourrissants
- découvre les recettes d’ailleurs : soupe harira, pain batbout, samoussas…
Et surtout : savoure le moment ! L’iftar, c’est autant dans l’assiette que dans le regard des autres, dans la joie de se retrouver, dans l’écoute et la lenteur retrouvée après une journée intense.