On la connaît sous le nom de Karine Le Marchand. Une figure forte. Une voix posée. Un sourire familier.
Mais à ses débuts, elle ne s’appelait pas comme ça. Et derrière ce changement, il y a une histoire. Une vraie. Faite de choix, de compromis… et d’une petite claque de réalité.
Dans une interview à cœur ouvert, elle a raconté comment elle est devenue Karine Le Marchand. Et pourquoi elle n’a pas pu garder son vrai nom.

Un nom de naissance trop “compliqué” ?
Tout a commencé au tout début de sa carrière à la télévision. Elle s’appelait alors Karine Mfayokurera. Un nom riche de ses origines. Puissant. Mais visiblement pas assez “télévisuel” pour certains.
Quelques minutes avant son tout premier direct, sur une chaîne régionale, un producteur l’a arrêtée net :
« Tu ne peux pas garder ce nom. Il est trop compliqué. Les gens ne sauront pas le prononcer. »
Ce jour-là, elle comprend. Ce n’est pas une question de talent. Ni de compétence. C’est une question de nom. D’image. D’accessibilité.
Une décision en quelques secondes
Pas le temps de réfléchir. Pas le temps de contester. Il fallait agir. Et vite.
Elle choisit alors le nom de son ex-compagnon de l’époque, Pascal Le Marchand. Un homme avec qui elle est restée en bons termes. Un nom simple, facile à retenir, facile à écrire.
C’est ainsi que Karine Mfayokurera devient Karine Le Marchand. Une nouvelle identité publique. Adoptée en urgence. Gardée pour toujours.
Un choix lourd de sens
Sur le moment, elle fait ce qu’il faut. Elle entre dans la lumière. Elle prend sa place à l’écran.
Mais avec le recul, ce changement soulève une vraie question.
Pourquoi, en France, un nom à consonance étrangère serait-il un problème ?
Pourquoi une femme brillante devrait-elle gommer une part d’elle-même pour rassurer un public ?
Karine ne dramatise pas. Elle ne se victimise pas. Mais elle pose les choses. Elle raconte avec lucidité ce que ce geste implique. Et ce que ça révèle du monde dans lequel elle a fait ses premiers pas.
Déjà un précédent : quand elle s’appelait Samantha
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle changeait d’identité.
Avant la télévision, elle avait été mannequin. Et là encore, elle avait dû s’adapter. Son prénom, Karine, était déjà porté par trois autres modèles de l’agence.
On lui propose donc de changer de prénom. Et elle accepte. Elle devient alors Samantha, ou Sam pour les proches. Une version plus “modulable”, plus “rare”.
Un autre choix stratégique. Et un autre morceau de son identité qu’elle ajuste pour coller aux attentes d’un métier.
S’adapter pour exister ?
Ce que Karine Le Marchand raconte, c’est l’histoire de beaucoup de femmes. Et de beaucoup de talents issus de la diversité.
S’adapter, lisser, simplifier. Pour entrer dans une case. Pour se faire accepter. Pour ne pas “déranger”.
Son témoignage met des mots sur une réalité encore bien présente dans les médias : certains noms ouvrent des portes, d’autres les referment.
Et parfois, pour avancer, il faut ruser. Prendre un raccourci. Modifier ce qu’on montre. Jusqu’à ce que le reste suive.
De pseudonyme à signature
Aujourd’hui, le nom Karine Le Marchand est un nom que le public connaît, respecte, suit.
Mais ce nom, ce n’est pas celui qu’elle aurait choisi à l’origine. C’est celui qu’elle a adopté par nécessité. Et transformé, au fil du temps, en force.
Ce n’est pas un mensonge. Ce n’est pas une honte. C’est un choix de survie devenu un choix de vie.
Elle l’assume. Et elle l’explique, sans détour.
Une femme, plusieurs identités
Samantha. Karine Mfayokurera. Karine Le Marchand. Trois noms. Trois périodes. Trois facettes d’une même femme.
Chacune raconte quelque chose.
- Samantha : la jeune femme qui débute, qui cherche sa place.
- Mfayokurera : ses racines, sa culture, son héritage.
- Le Marchand : son chemin public, son empreinte, sa voix.
Elle ne renie rien. Elle compose. Elle avance. Et elle fait de cette richesse une force, au lieu de la cacher.
Un nouveau regard sur le parcours
Aujourd’hui, Karine Le Marchand continue de multiplier les projets. Documentaires, émissions, initiatives personnelles… Elle trace sa route, à sa manière.
Et si elle revient sur son passé, c’est pour montrer le chemin parcouru. Pas pour se plaindre, ni pour se justifier. Juste pour dire :
« Voilà ce qu’il a fallu faire pour exister. Voilà ce qu’on m’a demandé de modifier. »
Et ça, c’est précieux. Parce que ça rend visible ce que beaucoup vivent encore en silence.
Et nous, que faisons-nous de nos noms ?
Ce récit pose aussi une question intime. Celle de l’identité.
- Qu’est-ce qu’on garde ?
- Qu’est-ce qu’on efface ?
- Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour entrer dans un moule ?
- Et que peut-on faire pour que demain, plus personne n’ait besoin de se travestir pour être accepté ?
Karine, en racontant son histoire, nous tend un miroir. À nous d’y regarder avec honnêteté.
Ce qu’on retient
- Karine Le Marchand a changé de nom à ses débuts à la télévision.
- Son nom de naissance, Mfayokurera, était jugé « trop compliqué » par les producteurs.
- Elle a choisi un pseudonyme simple, issu de son entourage, pour poursuivre sa carrière.
- Ce choix, bien que stratégique, soulève des questions sur la diversité dans les médias.
- Son témoignage montre qu’on peut transformer une contrainte en force, sans renier qui l’on est.