Et pourquoi cette fête fascine encore autant ?
Tous les ans, elle revient à pas feutrés. Une fête un peu oubliée, un brin décalée… et pourtant pleine de charme : la Sainte Catherine. Elle ne se fête ni comme Noël, ni comme Halloween. Et pourtant, elle a ce petit quelque chose de profondément symbolique. Un mélange d’espoir, de traditions, de coiffes loufoques et de questionnements sur l’amour, le destin, le célibat.
Alors, on la célèbre quand, la Sainte Catherine ? Et surtout… pourquoi ?

La Sainte Catherine, c’est quand exactement ?
C’est simple : le 25 novembre. Tous les ans. Sans exception.
C’est la date retenue pour honorer Sainte Catherine d’Alexandrie, une figure puissante du christianisme primitif. Une jeune femme érudite, courageuse, martyre même, qui a marqué l’histoire par sa foi et sa force d’âme. Rien que ça.
Et c’est cette même date, aujourd’hui, qui fait aussi frémir un certain groupe de femmes… les fameuses “Catherinettes”.
Mais c’est quoi une Catherinette au juste ?
On les connaît surtout dans les dictons anciens. On les imagine en coiffes colorées, un brin excentriques. Mais une Catherinette, c’est avant tout une femme non mariée de 25 ans.
Pas 24, pas 26. Vingt-cinq.
Avant, c’était un cap. Une pression. Une frontière invisible : si à 25 ans tu n’étais pas casée, il fallait « coiffer Sainte Catherine ». En d’autres mots, il fallait prier pour trouver un mari. Oui, oui.
Aujourd’hui, le sens a (heureusement) évolué. Mais la tradition subsiste, souvent teintée d’humour et de tendresse. Et les coiffes sont toujours là.
D’où vient cette drôle de coutume ?
On remonte au Moyen Âge. À l’époque, les jeunes filles de 25 ans non mariées ornaient de fleurs la statue de Sainte Catherine, en espérant un coup de pouce du destin. Un genre de rituel, entre superstition et foi.
Avec le temps, la tradition s’est transformée : au lieu de coiffer la statue, on coiffe la femme. De jaune (pour la foi) et de vert (pour l’espoir).
Deux couleurs symboliques, presque magiques.
Et ce rite, bizarrement, a traversé les siècles. Il s’est transmis, s’est modernisé, s’est déplacé. On le retrouve surtout dans certains milieux professionnels (modistes, couturières, coiffeurs, stylistes), mais aussi dans des cercles plus familiaux, voire amicaux.
Et aujourd’hui, on en fait quoi de cette fête ?
On l’adapte. On la détourne. On l’utilise pour célébrer l’indépendance, le chemin parcouru, les choix de vie. On la transforme en fête de l’amitié, de la sororité, de l’humour.
On organise des défilés de coiffes, des concours, des dîners entre filles.
Et surtout, on dédramatise. Parce qu’en 2025, être célibataire à 25 ans (ou 35 ou 45), c’est ni honteux, ni rare, ni tragique. C’est juste… un moment de vie.
Alors on rit, on s’amuse, on se coiffe de vert et de jaune. Et on en profite pour faire une pause, entre copines, pour célébrer celle qu’on est devenue.
Les coiffes de Sainte Catherine : place à la créativité
C’est probablement la partie la plus drôle. Et la plus visible.
Car une vraie Catherinette ne passe pas inaperçue le 25 novembre. Elle porte une coiffe unique, souvent faite maison. Parfois kitsch, souvent géniale, toujours colorée.
Des exemples ?
- Un chapeau géant en forme de cœur avec des ciseaux de coiffeuse
- Une coiffe façon machine à coudre vintage pour une couturière
- Une cascade de fleurs, de rubans, de plumes, de perles
L’idée ? Que ça parle de son métier, sa personnalité, ou ses rêves. Un peu comme un costume de carnaval… mais plus intime.
Et souvent, les collègues s’en mêlent. C’est un clin d’œil, un geste de complicité. Une façon douce de dire « on te voit », « on te célèbre », « on est là ».
C’est une fête féministe ? Pas vraiment… mais presque
Il y a un petit paradoxe, dans cette histoire.
La Sainte Catherine part d’un constat un peu rétrograde : une femme “non mariée” doit prier pour que ça change. Et pourtant, au fil du temps, la tradition a été retournée.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes revendiquent ce statut de Catherinette avec fierté.
Elles n’attendent plus un prince charmant. Elles rient des conventions. Elles font de cette fête une occasion de se mettre en avant, de se dire que le couple n’est pas l’unique réussite d’une vie.
Alors, oui, ce n’est pas une fête “féministe” à l’origine. Mais dans la pratique ? Elle l’est de plus en plus.
Sainte Catherine d’Alexandrie : la figure derrière la fête
Petite parenthèse historique.
Sainte Catherine n’est pas là par hasard. Cette jeune femme du IVe siècle aurait tenu tête à l’empereur romain Maxence, refusant de renier sa foi chrétienne. Elle aurait même défait en débat 50 philosophes païens, grâce à son érudition.
Résultat : martyre. Supplice. Et légende.
Elle devient la patronne des jeunes filles à marier, mais aussi des philosophes, des avocats, des enseignants…
Et surtout, elle incarne une idée forte : la puissance de l’intelligence féminine face à l’autorité.
Célébrée ailleurs dans le monde ?
Oui, mais différemment.
Dans certains pays anglo-saxons, le 25 novembre est plutôt lié à Thanksgiving ou à d’autres fêtes saisonnières.
Mais dans les pays catholiques – France, Belgique, Canada francophone – la Sainte Catherine garde une place discrète mais persistante.
Elle est moins connue que la Saint-Valentin ou la Fête des Mères, mais elle intrigue, amuse, revient dans les conversations chaque automne.
Des expressions toujours d’actualité
Tu as peut-être déjà entendu ces petites phrases :
- « Elle va coiffer Sainte Catherine »
- « C’est une vraie Catherinette »
Elles ont encore la vie dure, surtout dans les campagnes ou chez les plus âgés. Elles font partie du folklore, du patrimoine oral.
Mais attention : elles ne sont plus des jugements. Plutôt des clins d’œil. Des références culturelles qu’on s’approprie… ou pas.
Et pour les hommes alors ?
Bonne question. On parle beaucoup des Catherinettes… mais les hommes aussi avaient leur fête.
À 30 ans, un homme célibataire devenait un “Nicolas”, et on célébrait sa Saint-Nicolas le 6 décembre.
Mais cette tradition a beaucoup moins résisté au temps. Moins spectaculaire, moins médiatisée, elle s’est estompée. Pas de chapeaux farfelus, pas de rituels.
Aujourd’hui, c’est surtout la Sainte Catherine qui a survécu dans l’imaginaire collectif.
Et si on célébrait juste l’amitié ?
Parce qu’au fond, cette fête peut être ce qu’on veut qu’elle soit.
Un hommage à la tradition, une journée entre copines, un prétexte pour se retrouver, pour rire, pour se dire qu’on est bien là, ensemble.
Pas besoin d’avoir 25 ans. Ni d’être célibataire. Ni d’être croyante. Il suffit d’avoir envie de célébrer.
Et si on se servait de la Sainte Catherine pour faire exactement ça : remettre du lien, du sens, de la joie dans nos vies trop pressées ?
En résumé…
- La Sainte Catherine, c’est le 25 novembre.
- On y célèbre les femmes de 25 ans non mariées, les fameuses Catherinettes.
- On porte des coiffes vertes et jaunes, souvent très créatives.
- La tradition a évolué : d’une prière pour le mariage, on est passé à une célébration de l’indépendance.
- C’est une fête joyeuse, féminine, décalée… et finalement, très actuelle.